Retour sur l'activité « Alimenter la solidarité transnationale, du virtuel au presentiel : les Forum sociaux mondiaux, moteurs de transformation dans un monde en évolution »
Une rencontre transnationale dans le cadre des États généraux de la solidarité internationale de l’AQOCI
Dans le cadre des États généraux de la solidarité internationale de l’AQOCI qui ont eu lieu du 4 au 6 juin dernier, Katalizo a tenu une rencontre transnationale en format hybride afin de réfléchir à la dynamique des Forums sociaux mondiaux (FSM) et à la préparation du FSM 2026, prévu au Bénin. Cet espace de dialogue a réuni 27 participant·es qui se sont connecté·es de plusieurs pays d’Afrique (Sénégal, Burkina Faso, Guinée Conakry, Bénin, Tunisie, Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, République démocratique du Congo, Congo Kinshasa, Togo), d’Europe (France) et d’Amérique du Nord (Québec/Canada).
Les échanges ont porté sur deux grandes thématiques : les défis et opportunités de la participation virtuelle dans les espaces transnationaux, ainsi que les conditions favorables à une mobilisation transnationale plus forte.
Réaffirmer l’importance des FSM comme moteur de changement
La rencontre a débuté par une mise en commun des éléments qui inspirent les participant·es dans la dynamique des FSM. Plusieurs ont souligné la dimension démocratique et décoloniale des processus, ainsi que l’importance des liens transnationaux et des mouvements grassroots. Le FSM est vu comme un espace de dialogue contre-hégémonique, une sorte d’université populaire et d’incubateur stratégique permettant aux entités collectives de s’auto-organiser. L’effervescence des rencontres, la possibilité de construire des ponts entre mouvements et de co-construire des dynamiques transnationales ont aussi été mises de l’avant. Néanmoins, des participant·es ont aussi noté que certaines limites, notamment techniques et structurelles, peuvent freiner cette effervescence, particulièrement lors de rencontres virtuelles.
Défis de la participation virtuelle dans la dynamique des FSM
Plusieurs défis spécifiques de la participation virtuelle au FSM ont été identifiés par les participant·es, notamment les inégalités techniques (accès à une connexion stable, matériel adéquat), les écarts générationnels dans l’usage du numérique, et la perte de lien humain. Si la virtualité permet d’élargir la participation à des personnes qui ne pourraient être physiquement présentes, elle engendre parfois un renoncement au présentiel sans offrir de réelle plus-value interactive en ligne. De nombreux témoignages ont aussi souligné le manque de familiarité avec les outils numériques, la difficulté à maintenir l’attention et à créer un sentiment d’appartenance à distance. La surcharge d’informations, la fatigue liée aux longues sessions et l’absence de rythmes variés nuisent également à l’engagement.
Pistes d’action pour renforcer la participation inclusive
Pour répondre à ces défis, plusieurs pistes d’action concrètes ont été proposées :
offrir des espaces d’accueil en ligne (corridors) pour accompagner les personnes en difficulté,
diffuser des tutoriels et du matériel préparatoire,
favoriser des formats interactifs (nuages de mots, miro, petits groupes, zones de pause, etc.),
adapter l’animation aux contraintes du format en ligne,
miser sur la complémentarité des rythmes (ex. matinée hybride, après-midi en présentiel),
encourager la production de contenus partagés par les participant·es.
Certain·es ont aussi proposé de permettre aux collectifs d’organiser eux-mêmes des activités à distance, en parallèle des événements centraux.
Pour une mobilisation transnationale plus forte et plus équitable
En ce qui concerne la mobilisation transnationale, les discussions ont mis en lumière plusieurs obstacles structurels : inégalités de mobilité (accès aux visas, coûts financiers), difficultés liées à la traduction multilingue, ou encore manque de clarté dans les canaux d’information.
Pour pallier ces freins, des participant·es ont suggéré :
de privilégier les déplacements des partenaires locaux plutôt que des salarié·es du Nord,
de développer des partenariats avec des écoles de traduction ou des solutions d’IA éthique,
de créer une plateforme claire, fluide et engageante.
Il a aussi été proposé de renforcer l’ancrage local de la mobilisation en misant sur des processus de participation décentralisés, soutenus par des comités locaux ou régionaux. La mobilisation pourrait aussi s’appuyer sur la production de contenus collectifs (déclarations communes, applications participatives) autour de thématiques fortes telles que la justice environnementale, les droits humains, ou la solidarité féministe.
Prochaine étape : vers le FSM 2026 au Bénin
Cette rencontre a permis de cerner les enjeux transversaux à prendre en compte pour penser les FSM à venir : des défis techniques, financiers, humains et écologiques. Loin d’être des contraintes isolées, ces enjeux doivent être pensés dans leur ensemble, à travers une logique d’équité, d’accessibilité et de co-construction.
La suite du processus consistera à structurer la mobilisation vers le FSM 2026 au Bénin en consolidant les réseaux transnationaux, en outillant les actrices et acteurs de terrain, et en poursuivant la réflexion sur les outils numériques, les pratiques inclusives et les formats d’animation adaptés.